Histoire du Triathlon

De la légende à …Vendôme Triathlon

Les disciplines sportives, quelle que soit leur nature, existent par une volonté humaine de comparer des qualités physiques, mentales et intellectuelles de compétences.
Les différents sports contemporains sont majoritairement le résultat d'une lente évolution de règles ancestrales établies pour mettre en exergue une aptitude physique spécifique, un jeu ou un loisir.

Certains sports sont difficiles à dater car chaque civilisation peut revendiquer des liens plus ou moins étroits avec des règles modernes. 

Le Triathlon, tel l’Humanité, s’est développé progressivement en empruntant au passé les bases des idées d’avenir. Bien qu’entourée de légendes et faits autour d’activités pluridisciplinaires, il a grandi sur les bases de trois des plus grands sports : la natation, le cyclisme et la course à pied et a défini  ses valeurs et son cadre réglementaire très récemment et quasi instantanément de manière pérenne.

Notre sport est jeune, mais revenons à la légende… 

 

De l’Antiquité à l’ère moderne

Bien qu’aucune activité, aucun loisir ou sport ne puisse, à lui seul, développer toutes les sphères reliées à l’aspect physique de l’être humain, cela n’en demeure pas moins un objectif à atteindre. On peut facilement déduire que l’attrait pour les sports combinés est né de cet espoir mythique de se développer en un athlète parfait.

Dans la Grèce antique, la mythologie nous apprend qu'existaient des épreuves mixtes. Ainsi Jason institue pour ses amis Argonautes et spécialement pour son ami Pelée, le premier vainqueur, une épreuve multisports avec le lancer du disque, le javelot, la course à pied, le saut en longueur et la lutte.

Selon Philostrate, Jason, dans cette légende de la Grèce Antique, voulait récompenser son ami Pélée qui se faisait battre par Télémon au disque, par Lyncée au javelot, par Zétes à la course et par Kalaïs au saut. Comme il ne l’emportait sur les quatre autres compétiteurs qu’à la lutte, Jason lui concocta une épreuve sur mesure en cinq actes où la lutte désignerait le vainqueur à l’issue de ces cinq disciplines cumulées.

La pratique des activités multisportives en compétition remonte à l'Antiquité.
Il y a vingt-sept siècles, peut-être plus, naquit la première épreuve combinée de la Grande Histoire du Sport : le Pentathle.
Inscrit officiellement au programme des Jeux Olympiques en 708 avant Jésus Christ, il fait s’affronter pendant près d’un millénaire les plus brillants athlètes de l’Antiquité grecque sur cinq épreuves alliant adresse, force et vitesse : les lancers du disque et du javelot, le saut en longueur, la course et la lutte.
Les artistes hellènes fixent dans l’argile et sur le parchemin les exploits de ces hommes complets qu’Aristote n’hésite pas à qualifier de plus belles créatures du Monde, tant ils incarnent à ses yeux l’Idéal grec de la beauté physique.
Aristote disait du pentathlète qu’il était : « Le sportif le plus parfait car, dans le corps des pentathlètes, la force et la vitesse se combinent de façon harmonieuse».
L’avènement de l’Empire romain sonne le glas des Jeux Antiques qui se transforment en boucheries sanglantes : les jeux du cirque dont sont victimes les premiers croyants de l’ère chrétienne. Leur suppression en 394 après Jésus Christ par l’Empereur de Byzance, Théodose Ier, marque le début d’une parenthèse de quinze siècles dans l’histoire du sport planétaire.
Après les derniers jeux en 369 Ap. JC, on retrouve des traces d’épreuves multisports dans les pays scandinaves ou anglo-saxons, où l'on s'affronte dans des diathlons, quadriathlons, et sexathlons. 

L’Antiquité privilégiait l’idée de finalité naturelle et la représentation d’un monde clos et fini. Elle exacerbait la perfection et  la limite du corps humain. Le culte du héros sportif, symbolisé par les athlètes olympiques ou les coureurs de marathon, délivre des valeurs d’ordre et de normes, infranchissables donc excluant tout progrès indéfini, cette notion induisant le dépassement des limites naturelles. 
La performance était perçue comme une forme d’extrême n’excédant que symboliquement les limites de la nature. Or, une idée fondamentale demeurait : l’homme ne peut pas progresser pas au-delà de la nature.
Tandis que l’Antiquité s’attachait à prévenir et restaurer l’équilibre naturel, les XVIème et XVIIème siècles voient poindre, avec les progrès scientifiques, la notion de perfectibilité et l’acceptation de l’idée d’infini, symbolisée par Descartes.  

L’homme entre dans le mouvement perpétuel du progrès, ouvert aux sciences et techniques. Le projet cartésien de nous « rendre comme maîtres et possesseurs de la nature » préfigure l’élan des Lumières. La croyance en une amélioration possible de l’humain et en la technicisation du monde légitime les désirs modernes de performance. 
Le XIXème marque l’avènement du sport moderne. L’explosion du matérialisme et la nouvelle perception du corps humain, source de force et d’énergie, propulse l’Homme dans l’ère de la performance.
La Grande-Bretagne, de par sa puissance économique et militaire au XIXème siècle ainsi que son dynamisme social et politique, est à l’origine des clubs de sport, des règlements, de l’amateurisme, du travail en équipe, de l’entraînement, et de nouveaux concepts comme les records, vision extrême de la performance.
Les premiers championnats nationaux anglais se déroulent en 1866 avec des courses, des sauts et des lancers très divers.
Les pedestrians anglais lancent la mode de la course à pied. A la même époque, d’autres sports se structurent. En 1868 apparaît l’ancêtre de la bicyclette, ce qui donnera lieu tout de suite à des compétitions. 
En 1884, l'Amateur Athletic Union crée le décathlon : courses, lancers de poids de disque et de javelot, sauts en hauteur, à la perche et en longueur, course de haies répartis sur deux journées.

Le Cross-Country national de 1903 dans les bois de Saint Cloud et de la ville d'Avray

Le Baron Pierre de Coubertin rénove l’idée olympique et les Jeux reprennent du service à l’aube du XXème siècle. Au vétuste pentathle de l’Antiquité succède le décathlon lors des Jeux Olympiques de Saint Louis en 1904.
L’ancêtre du pentathle est définitivement rénové en 1912 lors des Jeux Olympiques de Stockholm avec l’arrivée du pentathlon moderne.
Ce sport, reposant sur les capacités idéales d’un militaire, consiste à enchaîner 5 disciplines et 5 jours : la natation, l’escrime, le tir au pistolet, l’équitation et le cross-country.


Lilliehöök remporte le premier pentathlon moderne aux Jeux Olympiques de Stockholm en 1912.

Durant la Seconde Guerre Mondiale, les chevaux étant réquisitionnés, les organisateurs de pentathlon moderne décident de remplacer le cheval par le vélo. Or, cette tentative de regrouper la natation, le cyclisme et la course à pied est un échec car elle soulève un très fort mécontentement au sein de la classe aristocratique militaire.

 

Les premiers triathlons

La plupart des ouvrages se préoccupant de l’histoire du triathlon situent ses premiers pas en France à l’orée du XXème siècle. C’est plus précisément en 1902 à Joinville-le-Pont, banlieue parisienne, que des amateurs de sport créent la course : Les Trois Sports.

Une compétition surnommée « les Trois Sports » enchaînant dans la continuité la course à pied, la bicyclette et le canotage vit le jour en 1902 avec pour toile de fond les fameuses guinguettes de Nogent-sur-Marne et Joinville-le-Pont (94 - Val-de-Marne). 
Tradition banlieusarde sans ambition, inscrite dans l’état d’esprit des animations de l’époque sur les bords de Marne, cette épreuve sportive s’est perpétuée dans l'anonymat le plus total. 
Cependant, à partir de 1920, une évolution majeure dans l’histoire de ce sport intervient : la natation remplace le canotage. 
Cette année-là, l'épreuve fut gagnée par Georges WAMBST (il remporta aussi les Six jours cyclistes). 
Les trois épreuves du triathlon sont enfin réunies.     

Les distances peuvent paraître désuètes (4 kilomètres de course à pied, 12 kilomètres à bicyclette et la traversée de la Marne), mais il faut tenir compte des conditions matérielles dans lesquelles se déroulent ces épreuves. 

En 1934, la course des Trois Sports a lieu à la Rochelle (17 - Charente-Maritime). Il s’agit de traverser le chenal à la nage soit environ 200 mètres, de parcourir 10 kilomètres à bicyclette, du port de la Rochelle au parc de Laleu, quartier situé plus au nord, et enfin d’effectuer trois tours de piste, soit 1.200 mètres, du stade André Barbeau. 

En 1944, une épreuve est parrainée par l'Auto (l'ancêtre de l'Equipe). Elle se déroule à Joinville-le-Pont. Un certain RIOUSSET l'emporte devant André OLIVON

En 1945, cette compétition migre vers la banlieue ouest de Paris et plus particulièrement à Poissy (78 - Yvelines). Le pissiacais André OLIVON y triomphe de 1945 à 1948. Alors dénommée « Course des Débrouillards », elle devient dans les années 1970 « la Course des Touche-à-Tout », associant, au gré des organisations, des disciplines variées.


La course des débrouillards – transition course à pieds - vélo

 

Elle est pratiquée sur le mode de l’amusement et de la curiosité, les participants n’entreprennent pas d’entraînement spécifique. 

Le triathlon apparaît concrètement au début des années 1970 à l'initiative du club d'athlétisme de San Diego (San Diego Track club). Il est, à la base, un moyen de diversifier les entraînements des athlètes. 
Les premières épreuves se déroulent dans la foulée, mais sans succès. 

Le premier triathlon reconnu par l’ITU (International Triathlon Union) se déroule à San Diego le 25 septembre 1974. À l’époque, la Californie foisonne d’épreuves combinées diverses et variées : le «natation, course, et tir» de John Dupont; «le ski de fond, vélo et kayak» du lac Tahoe. 
Le San Diego Track & Field Club avait inséré dans son calendrier quelques courses «bizarres». Ainsi, Dave Pain avait imaginé un parcours qui incluait la nage et la course à pied et l’avait nommée le biathlon. 
Inspirés par cette idée, Jack Johnstone et Don Shanahan organisent une compétition qui comprend une course à pied de 8 km, 8 km de vélo également et environ 500 mètres de nage. 
46 participants franchissent la ligne d’arrivée. Loin derrière le vainqueur Bill PHILIPPS, John COLLINS, capitaine de frégate basé à Hawaii, classé 35ème, achève son premier triathlon.  
Les organisateurs nommèrent l’événement : Le Mission Bay Triathlon. C’était la première fois qu’un événement prenait le nom de Triathlon, appellation donné par Jack Johnston qui s’était inspiré des pentathlons et décathlons.
À cette époque, les organisateurs avaient tendance à placer la nage à la fin de l’épreuve dans le but refroidir le corps. Or, avec l’apparition de compétitions avec des distances de natation plus longues, cet ordre fut rapidement abandonné en raison du risque de noyade dû aux crampes et à la fatigue des deux premières disciplines.

Le premier vrai triathlon américain (dans le bon ordre) se déroule en 1975 à Fiesta Island (Californie du Sud, près de San Diego) et propose de nager 800 mètres, pédaler 8 kilomètres et courir 8 kilomètres.

 

L’essor du triathlon

Mais c’est le 18 février 1978 sur l’Ile d’Oahu (Hawaï-USA) que le triathlon  moderne prendra son envol.

1978, La mythe Hawaï

En 1978, John Collins, un commandant de la Navy, donne naissance à cette folie
nommée « IronMan » ou comment un défi humain devient  le grand Ironman d'Hawaii.
Collins, un grand maigre, d'origine texane, avait en 1975 participé au premier triathlon de San Diego pendant ses missions pour la Navy. C'était un coureur convenable, mais pas extraordinaire et il était fatigué d'entendre ses amis cyclistes et nageurs se provoquer avec les coureurs pour savoir quels étaient les meilleurs athlètes.
C'est en janvier 1977 au Primo Gardens de Pearl City près de Peart Harbour, lors de la remise des récompenses des 140 miles de course à pied en relais d'Oahu, que Collins proposa à l'assemblée bruyante et festive d'amener la révolution du fitness des années 70 à un niveau physique supérieur au marathon. La discussion faisait rage et Collins réalisa que les trois plus grandes épreuves d'endurance d'Oahu pouvaient être convenablement liées entre elles. Il rassembla ses forces, monta sur la scène pendant une pause musicale et cria son défi : le premier qui finirait le même jour les 3,8 Km de natation de la Waikiki Rough Water Swim, les 180 Km du tour de l'île à vélo (ce qui se fait alors en deux jours) et les 42,195 Km du marathon d'Honolulu, serait proclamé « IronMan », l'homme de fer. La plupart des gens se mirent à rire, mais immédiatement un Marines du coin, connu pour ses courses à pied en rangers, signala qu'il voulait essayer et d'autres le suivirent.
Collins rédigea à la hâte un règlement de 8 pages. Il rendit le port du casque obligatoire pour le vélo, exigea des accompagnateurs pour chaque nageur et des véhicules pour la nourriture et l’assistance médicale. Toute infraction au code de la route était disqualifiante. 
Enfin, chaque équipe de suiveurs devait donner la position géographique de son athlète à la direction de course qui mettait ainsi à jour sa carte d’état major en déplaçant des petits drapeaux de couleur. Collins mit des affiches dans les compétitions locales de natation et de course à pied, qui disait “Nagez 3,8 km, pédalez 180 km, courez 42 km et vantez-vous le reste de votre vie !”

Le 18 février 1978, ils sont quinze au départ (tous des hommes). Le règlement oblige les concurrents à être accompagnés par un surfeur. Archie HAPAI est le premier à sortir de l’eau après 57’35’’ d’effort (il abandonnera par la suite). Suivent à quelques minutes, John DUNBAR, Ian EMBERSON et Sterling LEWIS. Gordon HALLER sort 8ème à 23 minutes des premiers. Tom KNOLL met 2h13’05’’.
Après avoir pris une douche, s’être changés, restaurés, voire reposés, les concurrents enfourchent leur vélo… suivis de leurs accompagnateurs. 
La majorité des concurrents n’avait jamais fait plus de 25 kilomètres à vélo et les alizés sur la côte d’Oahu rendent cette partie de l’épreuve particulièrement difficile. Gordon HALLER met 6h56’ et John DUNBAR 7h04’. 

Sortie de l’eau de Gordon Haller, 1er IronMan

Comme aucun d’entre eux n’avait l’expérience de ce type de course, les premiers problèmes d’hydratation et de nourriture apparurent. Si Ian EMBERSON et Sterling LEWIS vécurent d’eau et de sucre, John COLLINS s’arrêta dans un drive-in et avale un bol de chili. John DUNBAR, assoiffé, prit deux bières. Elles lui seront fatales car il fut victime de nausées. Gordon HALLER rattrapa John DUNBAR au 10ème kilomètre mais dut s’arrêter pour se faire masser. Il le dépassa à nouveau au 27ème km mais, pris de crampes, il fut contraint de marcher. Il le doubla à nouveau au 32ème km, mais il se fît rejoindre. John DUNBAR, ivre, en raison de ces deux bières absorbées, lâcha défitivement prise au 34ème kilomètre.

Haller le doubla et gagna en 11 heures 46 minutes et 58 secondes, avec 35 minutes d'avance. Collins termina neuvième des douze "finishers" en 17h00'20 et celui qui aimait se qualifier ironiquement (d'homme moyen) venait de réaliser ce qui allait devenir le temps limite de l'Ironman.
Chacun des « finishers » reçut son propre tee-shirt, que John COLLINS imprima au pochoir, et un trophée de douze centimètres de haut représentant un homme : L’Ironman.

Course à pied de Gordon Haller

La légende était en marche.

La première « Ironwoman », Lyn LEMAIRE, participe en 1979 lors de la 2ème édition (au côté de quatorze hommes). Elle termine 5ème au scratch en 12h55’38’’. L'épreuve est remportée par Tom WARREN en 11h15’56’ et John DUNBAR finit à nouveau deuxième.

Dès l’année suivante, les médias exportèrent l’événement hors d’Hawaï. Un reportage du Sports Illustrated fit le tour des États-Unis, initiant progressivement les Américains au triple effort.
En 1980, la chaîne ABC diffusa l’Ironman de Kona, consacrant médiatiquement ce nouveau sport. 
En 1982, elle retransmettait les images de Julie Moss terminant l’épreuve en 2eposition (dépassée peu avant la ligne d’arrivée) , s’effondrant sous le coup de l’épuisement et rampant littéralement jusqu’à la ligne d’arrivée. 

 

 

Ces images marqueront les esprits, faisant passer les triathlètes pour des «  dingues ». Le triathlon souffrira pendant de longues années de ces images.Ce fut la dernière année où il fut possible de participer à l’Ironman d’Hawaï sans y avoir été qualifié.

Dans ce contexte d'efforts extrêmes et d'images saisissantes, le triple effort eut tôt fait de franchir l'Atlantique pour partir à la conquête des pays du nord de l'Europe en
1981 (Pays-Bas, Belgique, RDA). C'est le groupe IMG Mac-Cormak qui importe la compétition en Europe. Almere, aux Pays-Bas, fut l’une des premières épreuves organisées sur le sol européen.

Ce fut au tour de la France d’être touchée par le virus, avec Nice en 1982. Pour la petite histoire, le choix s’était d’abord porté sur Monaco, mais comme les Monégasques sont alors en deuil de la princesse Grace, alors Nice fut le théâtre de cet événement qui fit sensation. 
Le 20 Novembre 1982, Mark Allen remporte sa 1ère course. Il en remportera 10 en 10 participations dont 5 d’affilée.

C’est la souffrance qui frappa d’abord les Français. Plusieurs abandonnèrent (17 participants) et 7 autres furent admis à l’hôpital sur un total de 57 coureurs. Les reportages télévisuels montrent la dureté de l'épreuve. 
Antenne 2 va diffuser "Voyage au bout de la souffrance". 
Après le réflexe "ils sont tous cinglés", certains disent "pourquoi pas moi ?".
Par la suite, une saine émulation s’installe entre Hawaï et Nice grâce aux différences de distances d’une part et à leurs héros respectifs d’autre part. Effectivement, Nice comporte des distances plus courtes à l’origine :

  Natation Vélo Course
1982 2,5 km 98 km 42 km
1990 2,8 km 120 km 32 km

C’est également l’intense affrontement de deux titans qui oppose les deux événements. De 1982 à 1987, Dave Scott (USA) remporta 6 fois l’Ironman d’Hawaï, battu une seule fois par Scott Tinley en 1985. 

Chacun lutte contre l’autre sans pour autant le battre dans sa cour. En 1989, Mark Allen réussit l’exploit de remporter le premier championnat du monde sur distance olympique à Avignon, son Ironman de Nice et celui de Dave Scott à Kona, Hawaï.

Leur affrontement sur l’IronMan Kona de 1989 est entré dans la légende du triathlon à jamais.

 

 

Les bases sont jetées pour le développement du triathlon à l’échelle mondiale.

 

Le triathlon moderne

A partir de 1983, les manifestations se multiplient. 
Aux distances d’origine de Hawaii (3,8 km natation, 180 km vélo et 42,195 m course à pied) s’ajoutent des « 1/2»,« 1/4 » et 1/8 » de Triathlon dénommés respectivement « Moyenne Distance » (MD),« Distance Olympique » (DO) et « Sprint », alors que « Ironman » recevait l’appellationde « Longue Distance » (LD).
En France, Nice a fait des émules, les premiers triathlons amateurs furent organisés comme ceux de Hyères (Var) et La Grande Motte (Hérault). 

1984 : L'engouement pour le triathlon se poursuit. Le premier circuit français de triathlon est créé. Une vingtaine d'épreuves sont organisées. La saison s'ouvre aux Muraux (Yvelines), où plus de 400 concurrents se pressent sur la ligne de départ. Face à ce développement, la chaîne de télévision Antenne 2 crée une véritable Coupe de France avec comme apothéose l'organisation de la finale à La Grande Motte. Le challenge Antenne 2-Sportus-Coq Sportif-Wander-Jogging International qui réunit 14 épreuves réparties en France. 
Hélas, le mauvais temps est de la partie et devant la télévision nationale, l'épreuve essuie un lourd échec : le vent souffle en tempête, la mer est déchaînée. Les plus téméraires se jettent à l'eau et sont renvoyés sur la plage par les vagues, les embarcations de sécurité chavirent. Face à cette vision apocalyptique, les organisateurs décident d'annuler l'épreuve. 
Sur l'instant, tout le monde pense que l'expérience du triathlon va s'arrêter là. Heureusement dès le lendemain, une réunion de crise s'opère et de là sortira le cahier des charges qui entérine la naissance du CONADET (COmité NAtional de DEveloppement du Triathlon). 

Août 1984 : Une dizaine de pays s'est réunie pour former ce que l'on appellera plus tard l'ETU (European Triathlon Union). Sont présents là les Pays-Bas, la Grande-Bretagne, la Suède, l'Irlande, la RFA, l'Autriche, la Tchécoslovaquie, le Danemark et la Belgique. La France y est représentée par un observateur venu à titre personnel. 4 rendez-vous sont décidés pour décider des championnats d'Europe de la discipline. 
Son immense succès ne se démentit jamais, jusqu’en 2002, où elle fut dissoute en sa qualité de Fédération autonome, pour se transformer statutairement en un sous-comité régional de l’International Triathlon Union (ITU).

21 octobre 1984 : La première assemblée générale de la CONADET (premier président Gilles Petit) est organisée.
16 novembre 1984 : Le CNOSF crée une super commission " commission de coordination du triathlon français " (CCTF) forte de 14 membres (7 du CONADET, 2 pour la FFN, 2 pour la FFC, 2 pour la FFA, et 1 pour la CNOSF). Mais le CONADET est mandaté pour gérer la discipline. Elle a à sa charge d'établir le calendrier, les licences, les clubs, de décider la réglementation sportive et médicale.

16 mars 1985 le CONADET organise sa première assemblée générale officielle. De 23 épreuves recensées en 84, on est passé à 60 épreuves inscrites au calendrier. Dès 1985 sont recensés 55 clubs, pas moins de 86 épreuves et un circuit national. 

Avril 1985 : René Caillet succède à Gilles Petit à la présidence du comité. 

1986 : Les épreuves sont passées à 150, et on forme des cadres et des entraîneurs. La réglementation s'affine et on instaure les premiers contrôles antidopage. Un petit triathlon appelé "promotion" (500m NAT, 20 km CYC, 5 km CAP) voit le jour.

1987 Les Américains testent le guidon Scott, utilisé par l'équipe cycliste aux JO. A Avignon, ce prolongateur est révélé aux triathlètes français. Jean Écote est le 3eme président du CONADET. Marseille organise les premiers championnat d'Europe sur le sol français. (catégorie A). 

1989 : Pour « démocratiser » la pratique du triathlon se créent des petits triathlons. En effet, face au CD et à l’Ironman avait été inventé le « promotion » qui permettait à des non-licenciés de s'essayer au triathlon. Une nouvelle catégorie est créée pour les licenciés, appelée "sprint" avec 750m de natation, 20km de vélo et 5km de CAP. Cette catégorie existe toujours et a supplanté les « promotions ».. 

31 mars 1989 : 35 nations planchent pour créer la Fédération Internationale (ITU) pour International Triathlon Union, langue officielle l'anglais) et préparer le premier championnat du monde à Avignon. 

6 août 1989 : premier championnat du monde officiel et reconnu par la nouvelle fédération ITU. Cette épreuve est retransmise en direct sur Canal Plus. 
28 octobre 1989, le CNOSF accorde à la CONADET son statut de fédération. La CONADET devient alors FFTri, et son premier président est Jean Côté. Grâce à cette reconnaissance, le triathlon connaît son premier DTN Bernard Pagès. 

1990 : apparition de plus en plus insistante du drafting. A Orlando les Américains sont ridiculisés chez eux par des Australiens. 
Jean Côté démissionne et Antoine Fulmignani assure l'intérim. 

19 Janvier 1991, assemble générale de la FFTri. Jacques Laparade est élu président. Le triathlon entre dans les jeux du Commonwealth. Le port du casque rigide est devenue obligatoire. Premier championnat de France catégorie A. 

Septembre 1991 Australie, championnat du monde catégorie A. 

Pas un jour ne se passe qui ne contribue à l'expansion du triathlon et des pratiques adaptées. Un nouveau type d'enchaînement qui combine la course à pied et le cyclisme est également apparu, et s'est développé en parallèle depuis 1985. Il s'est appelé successivement Cyclathlon, Biathlon et même outre Atlantique Cyruthlon avant d'acquérir son identité définitive sous le nom de Duathlon. 

Eté 1997 : Pour la première fois dans l'histoire du triathlon, un athlète passe sous la barrière des 8h sur distance Ironman, à Roth.

16 Septembre 2000 : Intégration du triathlon aux JO de Sydney. 

En 2009, l’ITU lançe une nouvelle série de courses, appelée World Championship
Series, sur distance olympique. Cette série élève le triathlon à un nouveau niveau. Non seulement les primes pour les athlètes mais aussi la présence médiatique et l’intérêt publique ont pu massivement être augmentés – à mentionner que les courses se sont déroulées dans des villes connues comme Londres, Sydney, Madrid ou Hambourg. La même année fut également lancée dans une nouvelle configuration le triathlon par équipe, composée de deux hommes et deux femmes, qui ont lieu annuellement. Dans cette discipline, chaque membre de l’équipe accomplit un sprint triathlon.

 

Et à Vendôme ??

Le samedi 13 octobre 1984, pour la première fois à Vendôme, la section Boxe de l’U.S.V., sous la houlette de Robert Guettier et de Alain Souriou, organise un triathlon « hawaien ». Cette première organisation est limitée à 64 concurrents. Il est ouvert à tous.

59 concurrents dont 4 femmes seront sur la ligne de départ. L’esprit est de participer pour terminer avec le sourire. Les distances sont 800 m de natation dans la piscine des Maillettes, 37 km de vélo vers Naveil, Varennes, les Roches l’Evèque, La Prazerie et Villiers/Loir, 15 km de course à pied en deux boucles dans le bois de l’Oratoire. 

Cette épreuve se déroulera dans la bonne humeur. Une pasta party organisée la veille permettra aux concurrents de faire le plein en sucres lents…

On retiendra le nom du vainqueur : Yann Bernard (Tours) en 2h13 et 50s, 5ème Alain Barbot, 6ème Jean Paul Brugier, 12ème Michel Heulin.
La machine vendômise était lancée pour ne plus s’arrêter…

D’autres organisations suivent :

Un an après, le 21 septembre 1985, le comité d’Organisation du triathlon de Vendôme et l’USV organisent le 2ème triathlon de Vendôme. 

Une série nationale de catégorie A est proposée à 145 participants sur les distances de 1100m de natation dans le bras Saint Denis des grands prés dont 200 m à contre-courant, 48 km de cyclisme en 2 boucles vers Thoré la Rochette et le centre-ville de Vendôme et 13 km de course à pied à travers la ville de Vendôme.

Puis le 3ème triathlon le 21 septembre 1986 avec la naissance de la 20ème section sportive de l’Union Sportive vendômoise, 12ème club français à s’affilier au CONADET.

La section prend tranquillement son essor  et organise :

Avril 1988 à 1990 : initiation triathlon au sein du Lycée Ronsard

1988 : le triathlon migre dans le Perche vendômois au Plessis Dorin : le triathlon du Perche né (pour disparaitre en 1995)

1990 : inauguration du plan d’eau de Villiers/Loir

1992 : 1er duathlon de Vendôme (reconduit jusqu’en 1996).

1996 : création de la 1ère école de triathlon de la Région Centre avec entre autres Romain, Brice et Lisa Feillu.

1er septembre 1996 : 1er triathlon des coteaux du Loir en vendômois

Septembre 1997 : 1er triathlon longue distance des coteaux du vendômois.

2003 : Organisation d’une manche de 2ème division. L’US Vendôme devient champion de France de 2ème division et gagne sa place pour la 1ère division grâce aux jeunes formés au sein de l’école de triathlon.

De 2004 à 2010 : l’US Vendôme triathlon est en 1ère division. Brice Daubord en profite pour glaner un titre de champion de France junior.

Dans les années 2000, l’US Vendôme triathlon organise quasiment toutes les courses  Fédérales : championnat de France des ligues, Coupe de France des clubs, 2 Championnats de France Jeunes - 1 finale couplée D2 Tri et D1Dua et les championnats de France Elite.

2007 : Triathlon longue distance des coteaux du vendômois est qualificatif pour les championnats du monde. La pluie et le froid aura raison des ardeurs des plus vaillants.

2015 : Pauline Landron, cadette 1ère année, devient vice-championne de France de Triathlon et d’aquathlon. 
Record du monde de triathlons « IronMan » consécutifs réalisé par Ludovic Chorgnon : 41
Le club possède à ce jour 103 licenciés.

2016 : organisation du 20ème triathlon des coteaux du Vendômois

 

Conclusion

A l’instar de la plupart des autres sports, le triathlon a bâti ses règles à partir de besoins de quelques personnes avides d’objectifs hors normes.
Après quelques hésitations, ce sport est entré dans une phase de développement importante. Les règles se sont institutionnalisées et diverses fédérations ont vu le jour afin de promouvoir, encadrer et faciliter sa pratique.
Deux aspects distinguent l’évolution du triathlon des autres disciplines. Le premier est sûrement son essor explosif. Alors que d’autres sports ont attendu des centaines d’années avant d’en arriver à la phase ultime de développement, le triathlon y a mis moins de quarante ans. 
Le triathlon s’est également développé avec les valeurs de son temps, et en particulier la mixité. Les femmes ont été présentes dès les toutes premières compétitions avec les hommes et sur les mêmes distances. Seuls les classements sont séparés. L’intégration positive est une valeur fondamentale du triathlon. Tout individu peut participer à un triathlon, quel que soit son âge, son sexe, son handicap ou sa classe sociale. 
Vendôme Triathlon en est la parfaite illustration car il possède quasiment autant d’hommes que de femmes, de 6 à 58 ans et venant de catégories socio-professionnelles variées.
Le triathlon continue à marteler son identité, est moteur dans les innovations technologiques et se singularise maintenant par des méthodes d’entraînement adaptées au triple effort et un vocabulaire « Triathlète » qui ne cesse de s’enrichir.
À l’heure où la condition physique des populations occidentales se détériore, le triathlon n’est plus seulement un simple sport, mais devient un outil de santé et de condition physique sociale.